Éditorial par Muriel Mosconi
En 1932, Freud retrace ainsi son parcours : « A partir du symptôme nous fûmes conduits vers l’inconscient, vers la vie pulsionnelle, vers la sexualité. » Le fil rouge du symptôme court ainsi tout au long du développement théorique de la psychanalyse de Freud à Lacan.
Équivalent au retour du refoulé et articulé au fantasme, le symptôme « réédité, revu et corrigé » dans le transfert peut livrer ses diverses surdéterminations inconscientes, ce déchiffrage ayant une valeur thérapeutique. Freud y lit la rhétorique de l’inconscient où Lacan relève la logique du signifiant. Et on pourra lire dans ce numéro l’étude des références du Séminaire V de Jacques Lacan Les formations de l’inconscient où il déplie cette logique.
Mais cette clinique du déchiffrage comporte une butée : la fonction de jouissance du symptôme qui se marque dans la répétition pulsionnelle. Lacan y repère la valeur réelle du symptôme.
Il repère aussi sa valeur de suppléance face à l’absence de rapport sexuel – lecture lacanienne du complexe de castration freudien. D’où la fonction de symptôme que peut prendre une femme pour un homme.
Si, reprenant Marx, Lacan assigne une valeur de vérité au symptôme, la face signifiante et la face réelle du symptôme l’amènent ultérieurement à lui donner un statut de lettre qui inscrit la relation singulière du sujet au Réel. D’où la fonction de suppléance que peut quelque fois prendre l’écriture pour certains sujets. La logique du signifiant met en perspective la clinique : découpe du corps par le langage dans l’hystérie, « cisaille qui vient à l’âme avec le symptôme obsessionnel : pensée dont l’âme s’embarrasse, ne sait que faire », forclusion du Nom-du-Père, désaveu de la castration et son trophée-signe, le trait de perversion.
Si « l’inconscient c’est la politique » (Lacan), le symptôme et son traitement ont une incidence politique dont on pourra lire l’étude dans ce numéro qui jette un éclairage sur le relief de la clinique, en ces temps où l’on essaie de l’abraser.
Sommaire
I Présentation des Collèges cliniques Jacques Adam
- Éditorial par Muriel Mosconi
II Travaux des Collèges cliniques de France et des Espaces cliniques associés
Le symptôme, l’analyste et l’analyse
- Jean-Jacques Gorog : Le symptôme aux prises avec le psychanalyste
- Ana Martinez-Westerhausen : La psychanalyse, parfois symptôme, parfois suppléance, quelquefois désir de l’analyste
- Éliane Pamart : Devenir du symptôme de Freud à Lacan
- Danièle Silvestre : Du symptôme au désir de l’analyste
Signifiant, lettre, nœud, identification
- Jean-Claude Coste : Interpréter le symptôme
- Marie-José Latour : Ce que le sujet a de plus ch(a)ir
Le sujet et son symptôme : Salvador Dali, James Joyce, Ghérasim Luca, Léonard de Vinci
- Nicole Bousseyroux : Du symptôme psychotique au sinthome comme antipsychotique
- Anne-Marie Combres : Un nom et un égarement ou l’inventeur de l’amour
- Stéphanie Gilet-Le Bon : Se passer du symptôme ?
- Albert Nguyên : NORA-JIM ou les effets de lettres
- Bernard Nominé : L’ange élu de Dali ou qu’est-ce qu’une femme pour un homme psychotique ?
Du côté de la névrose obsessionnelle
- Muriel Mosconi : Structure d’un symptôme obsessionnel : l’objet féminin et le double
- Annie-Claude Sortant-Delanoë : Des symptômes à l’angoisse
Névrose versus psychose
- Fulvio Marone : Le délire, avant et (d’) après une analyse
- Claude Mozzone : Si le Nom-du-Père défaille par quoi allons-nous le remplacer ?
Politique
- Claudette Damas : Réel du symptôme et logique collective
- Luis Izcovich : Le symptôme et l’offre analytique
- Claude Léger : Notre Symptôme
- Colette Soler : Perversion généralisée
III Références du Séminaire, livre V
- Les formations de l’inconscient