Thème de l'année
par Jean-Pierre Leblanc
Il est rare d’associer l’analyse et l’urgence. Une analyse ça dure, ça n’en finit pas, entend-t-on fréquemment dire. Le temps long serait sa mesure. Croit-on.
L’enjeu de l’analyse est de dire. Et l’urgence de dire peut être vitale. Réellement. On peut tomber gravement malade de n’avoir pas pu dire, ou précipiter des évènements aux conséquences parfois catastrophiques.
Tout simplement parce que « dire » est la mesure du sujet. Plus que sa respiration, c’est à la fois son air et son poumon. Le sujet ne va pas sans « le » dire. Sans cela, son mouvement peut mourir, il se fige. Sidéré, accroché à un malheur qu’il ne lâche pas. L’urgence de l’analyste, c’est pour un sujet de porter la possibilité du « dire » au plus près de là où en lui elle se refuse, où elle se nie, dans ce qui fait la « mal heurt » qui l’englue. « Dire » l’en détache, tout en lui permettant de l’apercevoir, de « la subjectiver », par la coupure que la parole institue. Cette urgence ne cesse jamais.
L’urgence de dire est vitale, elle est constituante du sujet.