Thème de l'année
par Ghislaine Delahaye
Urgence sanitaire, vitale, urgence climatique, urgence dans la crise des migrants... Ce signifiant circule et marque notre époque actuelle, souvent associé à celui de crise (crise sociale, financière, politique, crise des valeurs…).
Dans cette société en pleine mutation, quelle place pour la psychanalyse, poussée dans les marges par un discours scientiste ?
À cela, la psychanalyse ne prétend pas apporter de solution, Freud l’avait déjà soutenu, elle n’est pas une vision du monde, une Weltanschauung[1]. Elle ne peut répondre qu’au un par un. Elle instaure un lien social particulier et par-là, elle n’est pas sans lien avec le politique. Elle a donc aussi à faire avec ses cas d’urgence subjective, que ce soit du côté du passage à l’acte psychotique ou du côté des désarrois des névrosés.
Comment répond alors le psychanalyste ? La réponse du psychanalyste n’est pas dans la précipitation. Elle s’inscrit dans une temporalité logique que Lacan a dépliée dans le temps logique : instant de voir, temps pour comprendre, moment de conclure. La fonction de la hâte peut y trouver son efficace.
Les cas d’urgence mettent le psychanalyste au pied du mur de son acte, même s’ils peuvent parfois l’empêtrer… comme l’évoquait Lacan dans la Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI.
Pour les praticiens en institution et plus généralement pour les psychanalystes dans la cité, la réponse à l’urgence se doit de ne pas obturer l’implication subjective et se référer à une éthique, celle du bien dire. C’est donc sur ces trois plans – structure subjective, temporalité logique et efficace de l’acte – que nous aurons à travailler cette année.